Isabelle Franquin obtient en référé la suspension du Gaston par Delaf
Rappel : le 17 mars 2022, à Angoulême, pendant le Festival International de la B.D., au cours d’une conférence de presse, M. Stéphane Beaujean, directeur éditorial de Dupuis (groupe Média Participation) a annoncé la résurrection de Gaston, sous le crayon du canadien Marc Delafontaine, alias Delaf.
Les 17 et 18 mars paraissent dans Le Vif L’Express, Le Soir, Spirou, Le Monde, Libé et d’autres médias belges et français, des illustrations (« Me revoilà ! » « Nooon !? » répond Prunelle tombant dans les bras de Fantasio), un projet de couverture d’album et une planche complète de ce projet de Gaston par Delaf.
M. Beaujean reconnaît que Mme Isabelle Franquin, la seule héritière et ayant-droit d’André Franquin décédé en 1997, ne souhaitait pas la reprise du personnage de son père mais prétend que ce droit aurait été cédé à Dupuis, malgré son opposition.
C’est faux.
Mme Isabelle Franquin est seule habilitée à exercer les droits moraux, au nom de son père, c’est-à-dire de veiller au respect de la fidélité à l’auteur et à ses volontés. Les droits moraux sont inaliénables. André Franquin a toujours exprimé de son vivant, de manière continue et répétée, sa volonté que Gaston ne lui survive pas sous le crayon d’un autre dessinateur.
Mme Isabelle Franquin a donc mis en œuvre la procédure d’arbitrage imposée par le contrat de cession des droits patrimoniaux à Marsu BV (M. JF Moyersoen) qui les a cédés à DARGAUD-LOMBARD (groupe Média Participation) en mars 2013.
Vu l’annonce de la pré-publication d’une planche hebdomadaire du Gaston par Delaf dans le Journal de Spirou dès le 6 avril 2022, Mme Isabelle Franquin a saisi le Président du tribunal de 1ère instance francophone de Bruxelles d’une demande de suspension, urgente et provisoire, de toute pré-publication, de ces illustrations et planches de BD dans l’attente de la décision de l’arbitre.
Cette procédure en référé introduite le 25 mars a été plaidée à l’audience de ce 16 mai 2022.
Les sociétés Editions Dupuis et Dargaud-Lombard y ont fait acter leur engagement de ne rien publier avant la fin de l’arbitrage : ni les planches, ni extraits de planches, vignettes et dessins de Gaston par Delaf, jusqu’à ce que soit rendue la sentence arbitrale !
Dans ces conditions, seule la question des dépens restera à trancher dans cette affaire en référé. Ordonnance prévue début juin. L’essentiel est acquis : les sociétés du groupe Média Participations ne vont pas continuer à violer les droits moraux d’André Franquin sur son œuvre dans l’attente de la décision de l’arbitre.
Mme Isabelle Franquin défendra jusqu’au bout le respect de la volonté de son père.