Les comédies Musicales

Noël 2007 - Londres. Après une tournée en Angleterre, une nouvelle comédie musicale s'installe à Londres. Son héros? Tintin! Flanqué du capitaine Haddock, de Milou, des Dupondt, de la Castafiore, de Nestor et de Chang, il se lance dans une aventure qui le mène en Himalaya. Le spectacle est produit en anglais, langue leader dans l'univers de la comédie musicale.
Une tradition anglo-saxonne.
Si l’Europe continentale est la patrie de l’opéra et de l’opérette, la comédie musicale trouve son épanouissement dans les pays anglo-saxons est plus particulièrement dans les villes de Londres et de New York. C’est dans cette dernière cité que se trouve Broadway, quartier où sont regroupés les théâtres dédiés à la comédie musicale. L’un des précurseurs fut Florenz Ziegfeld dont les spectacles furent joués avec succès de 1907 à 1931. Or, étonnamment, ces Ziegfeld Follies étaient directement inspirés par les Folies Bergères de Paris ! Dans les années 20, la comédie musicale américaine subit de profondes modifications sous l’influence de jazzmen comme Cole Porter et George Gershwin. Petit à petit, le genre séduit un large public (aujourd’hui 90 % des places de théâtre vendues à New York concernent des comédies musicales) avant de partir à la conquête du monde via les disques, les adaptations, le cinéma, la radio…
La réponse francophone
Depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale, de nombreuses tentatives d’implanter la comédie musicale en France ont échoué. Il y eut pourtant quelques succès comme Hair, qui révéla Julien Clerc, puis Starmania. Il faut attendre la fin des années 1990 pour voir un véritable changement. Non avec la venue de comédies américaines mais avec la création de spectacles 100 % français. Ce fut d’abord le triomphe de Notre Dame de Paris rapidement suivi par une flopée d’autres titres comme Roméo et Juliette, Les Dix Commandements, Autant en emporte le vent, etc. Pourtant la réponse francophone fut antérieure à ces succès et réussit à s’introduire chez les Anglo-saxons avec au moins deux spectacles : Les Misérables créé à Paris en 1980 et, depuis, la comédie musicale la plus jouée à Broadway ; La Cage aux folles, variation musicale sur la célèbre pièce de Jean Poiret, qui fut jouée 1761 fois!
Les grands auteurs
Les deux spectacles les plus jouée (encore à l’affiche à Broadway ou Londres) sont Cat’s et Le Fantôme de l’opéra dus à Andrew Lloyd Weber considéré comme le nouveau "roi" de la comédie musicale. On lui doit également Evita, Jésus Christ Superstar, Sunset Boulevard… Avant lui, il y eut Richard Rodgers et Oscar Hammerstein auteur de Oklahoma, South Pacific et, surtout, Anna et le Roi qui fit de Yul Brynner une superstar. Ces deux amis sont également à l’origine de La Mélodie du bonheur, plus grand succès musical au cinéma de tous les temps. Mais les deux comédies les plus célèbres sont, sans doute, West Side Story – qui a fêté son 50ème anniversaire en septembre 2007 - de Leonard Bernstein et My Fair Lady d’Alan Jay Lerner et Frederick Loewe ; les adaptations cinématographiques de ces deux pièces ayant beaucoup contribué à leur succès.
Du cinéma à la scène
Pendant des décennies, les comédies musicales ont été d’abord testées à Broadway avant de convaincre les producteurs hollywoodiens d’en faire des films. Ces dernières années, encore, Rent, Chicago, Le Fantôme de l’opéra, Dreamgirls, Les Producteurs, en attendant, prochainement, Mamma Mia!… ont ainsi été transposés à l’écran. Pourtant, une tendance inverse se fait jour: adapter des films à la scène. C’est le cas, pour Frankenstein Jr créé à Broadway 33 ans après la sortie du film, Hairspray, Blues Brothers, A Bronk’s Tale (d’après le film Il était une fois le Bronx), mais aussi de spectacles tirés de productions Disney dont Mary Poppins (créé sur scène en 2006, 40 ans après le film) Le Roi Lion, récemment joué à Paris après son succès américain. La France a, d’ailleurs, emboîté le pas en adaptant pour la scène Les Demoiselles de Rochefort et en transformant le dessin animé Kirikou et la sorcière en comédie musicale.
Hauts et bas
Les Misérables détient le record de longévité depuis octobre 2006 avec plus de 21 ans de représentations sans interruption. À cette date, 54 millions de personnes dans le monde avaient vu ce spectacle, joué 38.000 fois, dans 38 pays et 223 villes, traduit en 21 langues. Mais ces succès historiques cachent aussi des échecs cuisants. Notamment en France. "Après l'âge d'or de Notre-Dame de Paris, on a vu tout, n'importe quoi et surtout une suite d'échecs : Belles, belles, belles, Les Demoiselles de Rochefort, raconte le producteur Serge Tapierman au Nouvel Observateur. Aujourd'hui, on ne peut plus tricher. Le succès actuel tient à une plus grande exigence dans la dramaturgie: une vague succession de chansons ne suffit plus, il faut une vraie narration. Et surtout on ne peut plus se contenter de proposer un spectacle avec des artistes qui chantent sur des bandes enregistrées. C'est fini, ça. Le public vient aussi pour entendre un orchestre. Même Le Roi Soleil malgré le soutien et le bastonnage du groupe NRJ, a été obligé de condescendre, dans sa reprise, à ajouter des musiciens sur scène."
Tintin sur scène
Dès 2001, Tintin et ses compagnons furent les héros d’une comédie musicale, Tintin et le Temple du Soleil, créée à Bruxelles et jouée devant 300.000 spectateurs. Des problèmes logistiques empêchèrent son exploitation à Paris. 6 ans plus tard, c’est une autre comédie musicale, d’essence anglaise, qui a vu le jour au Playhouse Theatre de Londres : Hergé’s Adventures of Tintin, inspirée, cette fois, de Tintin au Tibet. Les premières critiques semblent largement favorables au spectacle et Loïc Venin, correspondant de l’AFP à Londres, écrit "Dès le lever du rideau, la comédie efface les doutes que le tintinophile pourrait avoir sur les capacités d'une scène à retranscrire les contreforts himalayens. Les décors et les effets sonores sont d'un réalisme époustouflant, en particulier quand la carcasse de l'avion chargée de cadavres surgit sur scène, glaçant les plus jeunes." Tintin est joué par le jeune Matthew Parrish qui a fait ses classes à la Guildhall School of Music and Drama