Droits d'auteur : dernières nouvelles de Moulinsart

Quelques faits

Ni Moulinsart, ni une quelconque société actuelle n'a inventé la notion de droits d'auteurs. Ces derniers n'existent pas depuis très longtemps et ils ont été compris très différemment, selon les époques et les pays. François Villon (15ème siècle) n'a jamais touché un sou pour les poèmes et ballades qu'il a laissés, pas plus que ses descendants. Les choses ont bien changé depuis. Les juristes, notamment en France et en Grande-Bretagne, ont estimé que les droits d'auteurs pouvaient être transmis à leurs descendants, au moins pendant une certaine période, qui tourne autour des 70 ans. Certains estiment cela abusif, alors qu'ils trouvent tout naturel de voir un fils ou une fille hériter de la maison de ses parents et d'objets leur ayant appartenu.

On ne squatte pas une maison habitée !

Imaginez que vous occupiez une maison héritée de vos parents. Survient un inconnu qui vous dit : « Puisque vous n'avez pas construit cette maison, elle appartient à tout le monde, et je prends le droit de la transformer à mon idée ou d'en occuper une pièce que je réaménagerai comme je le veux. Je la louerai et, bien entendu, je conserve la totalité des loyers ». Vous ne serez sans doute pas très heureux... Il en va de même avec un patrimoine artistique. Tintin n'est pas à squatter !

Le respect de la liberté d'expression

Contrairement à ce que véhicule une légende tenace, Moulinsart est le premier à respecter la liberté d'expression. Jamais cette société n'a empêché qui que ce soit d'écrire un livre à propos d'Hergé ou de Tintin ou de tout autre aspect de son œuvre. Total respect des auteurs ! Si l'auteur d'un livre sur Tintin veut l'illustrer d'images provenant de la l'œuvre d'Hergé ou de son patrimoine photographique, il est normal que Moulinsart demande à lire le manuscrit. Cela aussi, c'est le respect de la liberté. Si le livre manque de valeur ou est volontairement négatif, il est normal que Moulinsart n'accorde pas le droit de reproduire des cases d'albums ou des dessins de la main d'Hergé : si cela se passait de cette manière, Moulinsart donnerait l'impression de cautionner le livre contestable. Mais la plupart du temps, les choses ne vont pas aussi loin. Remarquez qu'il y a moyen d'écrire d'excellentes études sur Tintin sans y faire intervenir des illustrations. A ce genre d'ouvrages Moulinsart ne s'est jamais opposé, même s'il ne partageait pas l'avis de l'auteur.

Quelques chiffres

Chaque année, plusieurs centaines d'autorisations de reproduire un ou plusieurs dessins d'Hergé sont accordées à ceux et celles qui en font la demande : cela va du manuel scolaire à l'ouvrage d'art, en passant par les magazines, les quotidiens, les catalogues, etc... En 2009, moins de dix initiatives se sont vu présenter un refus. Moins de 5 % de l'ensemble des demandes ! C'est moins passionnant de parler des trains qui arrivent à l'heure que des retards accumulés sur une ligne précise, mais il n'est pas mauvais de préciser que Moulinsart accorde son OK dans 95 % des cas... dont les journalistes ne parlent jamais. Moulinsart demande à ceux qui veulent se servir d'un dessin d'Hergé de respecter certaines règles qui leur sont clairement communiquées. Lorsqu'un propriétaire loue un appartement dans sa maison, il s'attend à ce que le locataire respecte certaines règles et conserve le bien en bon état, sans le transformer. Il en va de même avec l'œuvre d'un artiste.

Des conflits ? Quels conflits ?

Il existe donc des règles simples, claires, à respecter. Celui ou celle qui passe outre s'expose à des ennuis et des représailles. Là aussi, rien d'extraordinaire. Si vous acceptez d'être pris en photo par un inconnu, vous avez le droit de lui demander à quoi va servir cet instantané. S'il vous déclare que cela servira à illustrer un récit de voyage, vous donnez votre accord pour la publication. Puis, vous découvrez que votre portrait apparaît en couverture d'un livre intitulé : « Quelques visages de crétins incurables », votre sang commence à bouillir ! Il n'en va pas autrement dans le domaine de la reproduction d'œuvres protégées par les droits d'auteur. Celui ou celle qui reçoit le droit de reproduire un dessin d'Hergé, par exemple (car cela vaut pour tous les artistes), s'engage à respecter les règles qui s'y attachent... même si, à première vue, ces règles paraissent inutiles  -  surtout si elles paraissent inutiles ! De cette manière, on évite tout conflit et on reste bons amis. Autrement, la loi prévoit comment résoudre les conflits. Et elle seule peut statuer à ce sujet.

Tintin, bien dans le 21ème siècle

Bien que Tintin soit une icône de la culture belge et qu'il ait pu, grâce à ses qualités intrinsèques, conquérir la plupart des pays du monde, ne signifie pas que ce personnage appartienne à tous. Par exemple, il est de notoriété publique que la présence de Tintin en couverture d'un livre ou d'un magazine assure une hausse des ventes de ces derniers. Il y a des centaines de personnages de BD, oubliés parfois, souvent tombés dans l'indifférence des ayant-droits de leurs auteurs : il serait simple de les utiliser pour présenter une histoire de la BD, une parodie ou tout autre création. Mais la présence de ces personnages ne déclencherait pas le déclic d'achat chez le lecteur en puissance. Tintin, oui. Cherchez l'erreur...Cela dit, en ce début d'année, nous voulons remercier tous ceux qui s'intéressent à Tintin, à l'œuvre d'Hergé et à son Musée, situé à Louvain-la-Neuve, en Belgique. Nous remercions Le Soir, à Bruxelles, et Le Monde, pour un splendide double album rassemblant, à leur initiative, les deux tomes de l'aventure lunaire de Tintin. Le Monde, encore, pour un hors-série passionnant, décliné sous trois couvertures différentes. Et Le Vif, à Bruxelles, ainsi que L'Express, qui ont, eux aussi, voulu célébrer les 80 ans de Tintin en 2009 dans des hors-série de haute qualité. Et, bien entendu, merci aux millions de lecteurs, d'amis et de visiteurs de notre site !Tintin entre donc, plus dynamique que jamais, dans le 21ème siècle.