Au Tibet avec Tintin
DU SAMEDI 19 MAI AU DIMANCHE 16 SEPTEMBRE 2012 AU MUSEE HERGE
"Tintin ne lutte pas pour le bonheur de tous les hommes, mais chaque fois que les hasards de ses aventures l'ont mis en présence d'un homme victime de la misère, de l'injustice, de la violence, c'est pour cet homme-là que Tintin a pris parti."
Une date qui marque les esprits tintinophiles :
Nous fêtons, ce 22 mai, le troisième anniversaire du Musée Hergé à Louvain-la-Neuve, le jour même de la naissance d'Hergé. Le créateur de Tintin, Georges Remi, est né à cette date en 1907. Nous célébrons donc son 105ième printemps !
L'occasion fait le Tibet :
À cette occasion, le Musée Hergé dédiera son espace temporaire à une exposition sur le Tibet. Personne ne peut plus ignorer ce qui se passe au Tibet. Les nombreux actes désespérés de Tibétains ces derniers temps témoignent de cet utime geste de protestation contre le régime chinois.
Le Toit du monde :
Le Tibet est une région de l'Asie centrale constituée de vallées et de montagnes : le plateau tibétain est bordé de chaînes montagneuses dont la fameuse chaîne de l'Himalaya. Avec une altitude moyenne de 4.900 m (16.000 ft), il est souvent appelé le « Toit du Monde ». Certaines des montagnes himalayennes se trouvent au Tibet. Son sommet le plus célèbre, le mont Everest, est à la frontière du Tibet avec le Népal.
Dans cette partie du Tibet, l'atmosphère y est très sèche et ce quasiment toute l'année (9 mois). Le pays connaît de grandes différences de températures. Dans le grand ouest tibétain, les températures sont plutôt basses tout au cours de l'année alors que le nord du Tibet est, par exemple, soumis à des températures élevées en été et à des froids intenses en hiver. On y voit des paysages très variés selon les régions. L'Ouest tibétain est connu pour ses vastes plaines arides souvent balayées par le vent. La végétation y est rare et ne dépasse pas la taille d'un buisson.
Hergé et le travail documentaire...
Hergé cherchant à donner une image fidèle de la réalité tibétaine (et népalaise), rassemble de nombreux documents et articles de presse dont certains sont tirés du fameux National Geographic Magazine. Ce travail documentaire minutieux est enrichi de lectures averties comme : Regards vers l'Annapurna de Maurice Herzog, Tibet Secret de Fosco Maraini Tibet, ma patrie de Tsewang Pemba, ou les récits de voyage d'Alexandra David-Neel.
Parmi les archives du père de Tintin, figure notamment un dossier intitulé « Alpinisme ». Il a largement inspiré le dessinateur pour illustrer les scènes de montagnes de Tintin au Tibet.
Une longue marche tibétaine
Alors qu'à ce jour, la main mise du régime de Pékin se fait de plus en plus forte depuis le soulèvement populaire qui a embrasé le pays des neiges éternelles en 2008, le Tibet essaye désespérément de survivre politiquement. Mais contraint et forcé, le pays est devenu une entité administrative de la République populaire de Chine (RPC).
En 1950, l'Armée populaire de Libération entre au Tibet pour ne plus jamais le quitter et attaque la petite armée tibétaine qui doit rendre les armes, vu sa faiblesse. Cinq mille soldats tibétains sont tués et un grand nombre de temples tibétains détruits tout au long des années d'occupation. La population civile ne sera pas non plus épargnée. En 1984, on a avancé le chiffre de 1,2 millions de tibétains ayant péri depuis l'invasion chinoise.
En 1951, dans le cadre d'un plan de « paix » pour le Tibet, est signé un accord en dix-sept points qui consacre officiellement le rattachement du Tibet à la Chine.
En 1956, une révolte des Tibétains contre l'occupant chinois qui avait commencé à Litang dans le Kham va embraser d'autres régions et puis tout le pays. En 1959, la rébellion est aux portes de Lhassa, la capitale du Tibet, notamment grâce à l'aide des américains qui soutiennent la guérilla tibétaine dans leur croisade contre le communisme.
Cette révolte est violemment réprimée par l'Armée Populaire de Libération et le Dalaï Lama est obligé de fuir en Inde. Il s'en est suivi un saccage du pays, orchestré par les Gardes Rouges et qui visait essentiellement les sites hautement religieux et culturels. Aujourd'hui, les monastères tibétains peuvent presque se compter sur les doigts d'une main, tant la sinisation du Tibet est menée à outrance. Des milliers de moines et de nonnes bouddhistes ont été tués ou emprisonnés.
Depuis son exil en 1959, l'action du dalaï-lama est systématiquement dénoncée par le gouvernement chinois. L'homme est qualifié d'indépendantiste. Malgré cela, le dalaï-Lama persévère dans la voie de la non-violence et demande à la Chine de négocier pour aboutir à un compromis politique.
Hu Yaobang, secrétaire général du Parti communiste chinois, qui visita Lhassa en 1980, fut très choqué et honteux de découvrir la misère qui l'entourait. Il décrivit la situation comme du « colonialisme pur et simple ». Des réformes ont été initiées depuis lors, conduisant la politique chinoise au Tibet à osciller entre tolérance et répression. La plupart des libertés religieuses ont été officiellement rétablies, mais les moines et les nonnes sont encore parfois persécutés et emprisonnés. Des milliers de Tibétains continuent à fuir le Tibet tous les ans. Le gouvernement du Tibet en exil dénonce les communautés de peuplement établies sur le territoire tibétain par la Chine qui envoie des millions d'immigrants chinois dans cette région.
Ces vagues massives d'immigrants bouleversent les fondements de la société tibétaine et ce malgré des tentatives récentes pour restaurer les traditions tibétaines visant à attirer un tourisme étranger dans la région. Le gouvernement de la Chine rejette ces allégations, faisant état des droits dont jouit la société tibétaine du point de vue l'éducation (dispensée dans la langue tibétaine) et de la justice, sans compter les investissements colossaux réalisés par les Chinois pour des équipements publics visant à améliorer le quotidien des Tibétains. De nombreuses associations politiques en exil et pro-tibétaines dénoncent vigoureusement ces affirmations et luttent pour l'identité du Tibet et la survie de sa population et de sa culture.
Hergé et le Tibet
Hergé achève la vingtième aventure de Tintin en 1959, soit trois ans après le soulèvement de 1956 qui a embrasé le plateau tibétain et neuf mois seulement après la fuite du Dalaï Lama en Inde. Ce n'est bien sûr pas une coïncidence ! Ce faisant, Hergé est un « activiste » à sa manière. Le créateur a tenu à raconter son récit sur les lieux même du drame tibétain. Plutôt que de réaliser un pamphlet politique, il opte pour une évocation du pays, de son peuple, de sa beauté et sa culture. Il développe ainsi une arme puissante, à l'instar de la non violence prônée par le Dalaï Lama. Ce récit est d'autant plus beau que les montagnes enneigées tibétaines vont rendre le Chinois Tchang à la vie grâce à la ténacité de Tintin.
Nous ne pouvons d'ailleurs pas taxer Hergé de partialité car il s'était rangé auprès de la Chine lors de l'invasion japonaise dans les années 1930 (Le Lotus bleu). L'esprit Tintin est le combat juste. Ironie du sort, le pays qu'il défendait dans Le Lotus bleu est devenu l'oppresseur du pays qu'il décrit si merveilleusement dans Tintin au Tibet.
Encore une fois, Hergé était au fait de l'actualité et au sommet de son art. Il a su par son génie, débusquer le vrai du faux et faire connaître le Tibet à des millions de lecteurs.
A VOIR :
L'exposition Au Tibet avec Tintin
au Musée Hergé
Exposition temporaire du 19-05 au 16-09-2012
www.museeherge.com

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