Tension en mer de chine
2012 et la Chine
Rappel historique
L'année 2012 marque le centenaire de la République chinoise et le renversement du Gouvernement impérial !
Le 1er janvier 1912, Sun Yat Sen était élu à Nankin, président de la République provisoire. Sun Yat Sen est un des membres fondateurs du Kouo-Min-Tang qui signifie « le parti du peuple de la nation chinoise ». Ce parti a marqué l'histoire de la Chine depuis la révolution de 1911. Cette dernière a causé la perte du système impérial chinois vieux de deux millénaires.

Pour un temps, la République a Nankin pour capitale.
Cette révolution va vite déchanter et le programme voulu par Sun Yat Sen va remplir d'effroi de nombreux partisans du nouveau régime. Celui-ci est expulsé ainsi que d'autres membres du Kouo-Min-Tang. Il se réfugie au Japon. Le nouvel homme fort est Yuan Chi Kai qui prend le pouvoir. Pékin devient la capitale. Sun Yat Sen profite de la chute de Yuan Chi Kai pour refaire surface et donner au parti une nouvelle chance tout en cherchant d'unifier la Chine. Il tenta de réunir les grands chefs militaristes du Nord (Pékin) mais mourut avant de pouvoir créer une Chine unie.

C'est l'anarchie. Aucun accord ne fut conclu entre le Gouvernement nationaliste et celui de Pékin. Il s'ensuivit une lutte de pouvoir en eaux troubles. Le Kouo-Min-Tang aidé de Tchang Kai-Chek, rétabli dans ses fonctions de commandant en chef, arriva à s'emparer de Pékin. En 1928, Pékin était vaincu par les successeurs de Sun Yat Sen.

Au Sud, à Nankin, devenue à nouveau la capitale, Tchang Kaï-chek prend le pouvoir mais n'arrive pas à taire les rivalités pour la lutte du pouvoir. Il en ira ainsi jusqu'en 1937. Son étoile palissant, il concentre sa lutte armée contre les bandes armées de Mao-Tsé-toung dans les provinces du Yang Tsé.
19/09/2012 Chine v. Japon
Un anniversaire qui sent la poudre
Le 19 septembre 2012 marque le jour de commémoration de l'invasion de la Mandchourie par le Japon. « L'invasion japonaise de la Mandchourie a commencé le 19 septembre 1931, lorsque la Mandchourie a été envahie par l'Armée du Guandong de l'Empire du Japon immédiatement après l'incident de Mukden ». Il y a 81 ans.
Cette invasion trouve son origine d'abord dans une simple affaire de « conflit de voisinage » entre fermiers Coréens et Chinois. Cette dispute s'est soldée par de nombreuses bagarres dans la région de Changchun (en Chine). Depuis des décennies près de deux millions de Coréens avaient émigrés en Mandchourie. Ce flux migratoire était perçu à tort par les chinois comme une intrusion de L'Empire du soleil levant.
La Corée était sous protectorat japonais et ce depuis 1905 même si depuis les années 1880 la Corée tombait entre les mains du Japon.

« En effet, en même temps qu'il devenait un État moderne, le Japon était amené à une politique d'expansion. Des raisons économiques allaient pousser le Japon à convoiter la Corée, riche de minerai de fer et terre du riz. Le Japon obtient donc le droit de faire du commerce en Corée en 1876 et, depuis le traité de Tianjin, d'y intervenir. En vertu de ce même traité, le Japon gérait le réseau ferré russe de la Mandchourie méridionale, avec un accès aux ressources stratégiques ».
La main mise du Japon sur la Corée se poursuivra avec le traité de Portsmouth qui mit fin à la guerre russo-japonaise et établi un protectorat et la colonisation de la Corée au profit du Japon.
Cette occupation est renforcée par la signature d'un traité d'annexion en août 1910.
La situation se maintint jusqu'à la reddition du Japon le 15 août 1945 (Gyokuon-hs). La Corée fut alors divisé en deux zones d'occupation administrées respectivement par l'Union soviétique (au nord) et les États-Unis (au sud).
D'une simple scène démonstrative, une lutte meurtrière où on compta des centaines de tués et blessés est née entre deux pays !
Le Japon comme puissance protectrice se devait d'intervenir d'abord pacifiquement et puis par la force. A cet affrontement sanglant s'est ajouté l'assassinat d'un capitaine d'état-major japonais (Nakamura) et l'incident de Moukden (voir infra). Le Japon disposait d'une force armée dans le Sud-Mandchourien mais aussi d'une force de police du chemin de fer (établie le long de la voie ferrée du Sud-Mandchourien).
L'intervention militaire a été officiellement justifiée par le faux attentat à Peitaying, près de Moukden ((autrement appelé incident de Moukden - Moukden se trouvant en Mandchourie) contre la voie ferrée par des soi-disant soldats chinois qui tentaient de faire sauter un pont. En réalité ce sabotage mineur a été imaginé et réalisé de toute pièce par les japonais eux-mêmes. L'incident de Moukden est considéré comme l'événement à l'origine de la guerre sino-japonaise (1937-1945). De 1931 à 1945 l'occupation japonaise fait de la Mandchourie l'État fantoche du Mandchoukouo.
Il faut aussi savoir qu'entre le Japon et la Chine, il y avait une infinité de causes de conflit. Le Japon était un pays pauvre où les japonais vivaient à l'étroit (ce qui est toujours le cas). La Chine, vaste étendue, riche en matières premières, pouvait constituer une cible idéale d'autant que les Chinois usait d'une arme autrement efficace contre le Japon le boycottage économique.
Le Lotus bleu - Moukden
Un album qui marque l'histoire
Cet album (1936) retrace magnifiquement cet incident construit de toute pièce par les japonais pour intervenir militairement en Mandchourie sauf que l'action est transposée par Hergé dans les environs de Shanghai. L'attentat est organisé par un agent japonais (et non un militaire comme dans la réalité) dénommé Mitsuhirato et exécuté par des gangsters occidentaux.

Le lecteur découvre dans cet album un moment tragique de l'histoire de la Chine : la guerre entre deux états, un Shanghai - lieu de tous les trafics et de toutes les débauches - sous occupation étrangère, l'invasion de la Mandchourie par le Japon, la propagande japonaise, le rôle de la Société des Nations saisie par la Chine pour rechercher une solution pacifique du conflit.

C'est dire la richesse de cet album qui marque l'histoire de la bande dessinée tant cette œuvre est richement documentée et va au-delà du simple récit pour enfant.
Ce souci de coller à la réalité aura été aussi une des bases fondatrices de la ligne claire tant du point de vue du dessin que du récit narratif.
2012 - l'histoire sans fin
Bis repetita
Le 18 septembre 2012, le quidam circulant dans les rues de Shenzhen pouvait entendre des slogans anti-japonais mais aussi voir des actes de vandalismes contre des concessionnaires Toyota et Honda. L'histoire se répéterait-elle ? Bagarres de rue, manipulations, boycotts autant d'ingrédients qui rappellent les incidents qui ont précédé le conflit sino-japonais dans années 30.

Ici le déclencheur ne serait pas 1,5 m de voies ferrées détruites mais cinq îlots perdus entre Taïwan et Okinawa, cinq malheureux rochers perdus en mer !Les journaux titrent :« Chine-Japon la dangereuse escalade »
« Chine-Japon, la guerre économique est déclarée ».
Ce n'est pas des Etats-Unis que viendra le salut mais d'un dialogue entre Chinois et Japonais, deux peuples qui ont des qualités immenses et qui doivent éviter la désunion et taire leurs rancunes personnelles.