Toutes les facettes des Bijoux de la Castafiore, le mot de la fin
Ce récit théâtral a été prépublié, à raison d’une planche hebdomadaire dans le journal Tintin, du 4 juillet 1961 au 4 septembre 1962. Par rapport à cette première version, Hergé a procédé à de très nombreux remaniements pour la sortie de l'album en 1963.
Ces deux versions, outre une nouvelle mise en couleurs, comptent donc de multiples différences, principalement graphiques. Nous en avons recensé un certain nombre, que nous nous proposons de vous faire découvrir régulièrement dans cette rubrique.
© Hergé / Tintinimaginatio - - 2023
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26 : Le mot de la fin
Cette semaine, pour clôturer la série, nous allons nous intéresser à l'un des oiseaux de cette histoire. Pas au facétieux perroquet offert au capitaine Haddock par Bianca Castafiore, ni à la pie voleuse qui se révèle être la solution de l'énigme ; mais bien au hibou dont le pas lourd sur le plancher du grenier contribue à alimenter l'intrigue. Peu importe qu'il hulule ou qu'il bouboule à chaque fois que le rapace pousse son cri, Hergé en remanie la représentation graphique pour la parution en album.




25 : Arrondir les angles... ou pas
Parmi quelques autres éléments, le téléphone joue un rôle prépondérant dans cette histoire. Aussi nous nous sommes intéressés particulièrement au petit guéridon sur lequel il est posé. Ses angles en sont bien droits, dans le journal Tintin comme dans l'album... Or à deux reprises, lors de la parution dans le journal Tintin, les angles de ce meuble sont arrondis. Cela a pour effet d'adoucir également la sonnerie du téléphone dont l'onomatopée est représentée différemment. La rectification a bien sûr été effectuée pour la sortie de l'album.




24 : Une pluie de gouttelettes
Dans cette scène assez cocasse issue de la page 7 où Tournesol, aspergé par le contenu du verre balancé par le capitaine Haddock, se croit à l'extérieur sous la pluie, Hergé a cru bon d'en remettre une couche et de rajouter quelques gouttes. Principalement des gouttes qui, en s'écrasant sur une surface dure, éclatent pour prendre une forme circulaire. On en dénombre ainsi trois sur le sol. Épinglons aussi une pochette, ajoutée d'un simple trait, sur la veste du professeur Tournesol.


23 : Des bijoux sans écrin, cela craint
Un œil (très !) attentif aura remarqué que, dans la version publiée dans le journal Tintin, les bijoux de Bianca Castafiore sont disposés en vrac dans le tiroir ouvert par la cantatrice. Cela ne fait pas très sérieux. Dans l'album, les bijoux sont rangés dans des écrins colorés et ce sont ces derniers que l'on aperçoit à présent.


22 : Apparitions très naturelles (suite)
Intéressons-nous cette semaine aux premières cases de la page 56. La première de ces deux cases fait apparaître une partie du meuble représenté entièrement à la case suivante. Comme apparemment, d’après la gestuelle du capitaine Haddock, seul un pas sépare les deux cases, cela n’est que logique. Et pour conserver l’équilibre de la case, on notera également que le phylactère dans lequel s’exprime le capitaine a été redessiné. Enfin, à la case suivante, ce sont un vase et deux livres qui font leur apparition sur ce même meuble.


21 : Apparitions très naturelles
Si à certains passages, comme on l'a vu précédemment, Hergé juge utile de supprimer l'un ou l'autre élément du décor, à d'autres endroits au contraire il va y ajouter l'un ou l'autre détail. Ainsi en est-il de ce tableau représentant une scène marine, absent dans la version parue dans le journal Tintin et que l'on retrouve dans l'album aux pages 31, 38 ou 39. Au fil des pages on en découvre différents fragments derrière le divan où officie la Castafiore.




20 : Disparitions peu inquiétantes
Pour augmenter la lisibilité du récit lors de la parution en album, Hergé a choisi de faire disparaître certains éléments du décor ; il les jugeait superflus ou ils auraient pu distraire le lecteur de l’action principale. Ainsi, page 6, en est-il d’un tableau supprimé derrière Nestor alors qu’il s’élance en courant dans un couloir du château ou encore, page 7, d’un autre cadre ou d’un petit meuble retiré du chemin du capitaine Haddock lorsque ce dernier se précipite derrière Nestor.
À la case suivante, c’est un vase posé sur un meuble qui a disparu. On notera au passage la montre au poignet de Tintin, déjà évoquée précédemment. À la page 33, c’est à nouveau un tableau qui a disparu du mur face à Haddock.


19 : Coco phonie !
Voici une saynète amusante qui a été retouchée à de nombreuses reprises. Il s’agit de la séquence où le capitaine Haddock décroche le téléphone alors qu’en fait c’est Coco, le perroquet des îles que lui a offert la Castafiore, qui en imite la sonnerie. Remarquons tout d’abord le graphisme et la disposition de l’onomatopée « trrring ». Il y a ensuite le téléphone qui, par une mise en couleur appropriée, se distingue à présent du fond. Enfin, le phylactère dans lequel s’exprime notre bouillant marin comporte un « allo » supplémentaire, tandis que le hauteur en a été quelque peu réduite.


18 : Ceci est une pipe !
Dans les cases précédant et suivant celle-ci, Haddock s’adresse à Tintin la pipe à la bouche. Il eut donc été étonnant qu’il ne l’ait point ici. Cet oubli a été réparé pour la parution en album. Épinglons aussi au passage une répartition plus harmonieuse du texte dans le phylactère.


17 : Ah, la courte échelle!
L’échelle employée par Tintin pour pénétrer dans la pièce où l’accompagnateur de la Castafiore, le pianiste Igor Wagner, est censé répéter ses gammes, serait-elle plus courte dans la version journal Tintin ? Toujours est-il que dans l’album le haut des montants, bien visible, apparait sur le bout extérieur de l’appui fenêtre. Plus vraisemblablement, il s’agit d’un oubli qu’Hergé s’est empressé de réparer pour la sortie en album.


16 : Des goûts et des couleurs…
Revenons encore sur la nouvelle mise en couleurs. Hergé en a profité ici pour refaire la décoration des dos de chaises sur lesquelles sont assis les Dupon(d)t. D’une morne teinte uniforme, ils arborent à présent les mêmes motifs à ligne que sur l’assise de chaise ou le dossier. Pour parfaire le tout, on notera le cadre de marine ajouté sur le mur apparent.




15 : Image sans nuage(s)
L’entièreté de l’album ayant bénéficié d’une nouvelle mise en couleurs, on ne s’y était pas intéressé jusqu’à présent. Cette magnifique case est peut-être l’occasion de s’y attarder. Admirons comment ces nouvelles couleurs, bien plus contrastées, permettent de faire ressortir certains éléments qui passent quasi inaperçus dans la version du journal Tintin, tels un seau à l’arrière de la dernière roulotte ou encore les maisons à côté de l’église, dans l’arrière-plan.
Mais surtout, puisque cette rubrique est consacrée aux différences, relevons pour l’album l’apparition de quelques nuages dans le ciel entièrement dégagé dans le journal Tintin.


14 : Des fautes à dessein
Hergé se moque ici des journalistes qui (déjà à l’époque) publient sans vérifier leurs sources et commettent de nombreuses fautes. Ainsi, dans l’article, notre brave capitaine Haddock est devenu l’amiral en retraite Hadok qui réside à Moulinsarre. Ou encore Gand, ville belge située en Flandre est présentée comme étant un joyau des Ardennes belges. C’est aussi extravagant que de situer Perpignan dans le Nord de la France.
Pour appuyer davantage sur ces travers, d’autres coquilles seront encore ajoutées dans l’album : ainsi Gand deviendra Ghand et Moulinsarre est rebaptisé en Moulinserre.


Relevons aussi au passage quelques traits supplémentaires sur le plâtre de Haddock.
13 : Un nouveau découpage
Cette case unique dans le journal Tintin a été décomposée en deux images différentes pour la parution en album et les deux parties en ont été inversées. Le lecteur s’attardera ainsi davantage sur chacune des deux parties. Dans cette nouvelle présentation, la première case nous montre Nestor se relevant d’une chute, ce qui sous-entend que la fameuse marche n’est toujours pas réparée et que trois jours de plus se sont écoulés. Et dans la deuxième, qui découle immédiatement de la première, Haddock téléphone une nouvelle fois à Boullu dans l’espoir que le marbrier effectue enfin la réparation. À présent les deux scènes se suivent au lieu de se dérouler simultanément.


12 : C’est peut-être un détail pour vous…
C’est à la page 6 que se trouve cette case. Un examen attentif de celle-ci nous montre que la lettre que tient Tintin en main, dépourvue de texte dans la version du journal Tintin, est à présent recouverte d’un gribouillage représentant le message de la Castafiore. On notera au passage la décoration de la porte derrière Haddock déjà évoquée précédemment.


11 : Allo, allo !
Lorsque l'accompagnateur de la Castafiore – le pianiste Igor Wagner – téléphone, il le fait vraisemblablement d'une cabine téléphonique ou d'un lieu public. Si les mots qu'il utilise nous sont, à ce stade du récit, fort mystérieux, l'appareil dont il se sert est plus identifiable. Le boîtier métallique accroché au mur est caractéristique des appareils de l'époque. Ceux-ci sont pourvus d'un mode d'emploi... vierge dans la version du journal Tintin, mais bien rempli dans l'album.


10 : Haddock se met au verre
À la fin de l'histoire, pages 57 et 58, nous retrouvons le capitaine Haddock une bouteille et un verre dans les mains. Jusque là, rien d'anormal. Mais en y regardant de plus près, nous constatons que le verre qu'il tient dans l'album s'est enrichi de petits motifs par rapport à la version publiée dans le journal Tintin. Il récupère ainsi un verre issu du même service dont il usait déjà dès la page 5.


9 : Comme le temps passe…
C'est à présent une case de la page 41 qui retient notre attention. Pour bien insister sur la carence d’Isidore Boullu, le marbrier bien plus prompt à se trouver une excuse pour justifier son absence qu'à venir réparer la marche du château de Moulinsart, Hergé a remplacé dans cette case la mention « trois jours ont passé » par « une semaine a passé ». Toujours à la recherche de la perfection, cela lui permet aussi d'éviter un doublon avec cette même mention « trois jours ont passé » déjà utilisée à la page 26.


8 : Après les portes, les fenêtres
L'utilité d'une fenêtre est, entre autres, outre la luminosité qu'elle procure, de pouvoir s'ouvrir afin d'aérer la pièce. Comme nous le remarquons sur la première vignette, issue de la page 6, aucun mécanisme n'est prévu à cet effet. Cela sera corrigé pour la sortie en album où nous retrouvons la même fenêtre pourvue d'une poignée accompagnée de la tige permettant l'ouverture. Et, poussant la minutie, ce même mécanisme sera à présent rajouté à chaque fois que la fenêtre sera visible.


7 : Où il est encore question de portes
À l'intérieur du château, les jugeant probablement trop banales, Hergé va quelque peu modifier l’aspect de certaines portes. Quelques traits qui représentent autant de moulures et le tour est joué.


À la page 38, c’est une double porte qui est intégrée dans le décor derrière Dupont et Dupond.


6 : Opération portes ouvertes...
Cette histoire se déroule entièrement dans et autour du château de Moulinsart. Les différents protagonistes y entrent et en sortent donc à différentes reprises… mais pas toujours par la même porte ! Plusieurs fois dans cet album, Hergé, pour des raisons esthétiques ou de mise en page, a ainsi redessiné totalement ou partiellement les portes que franchissent les personnages. Voici un florilège de ces modifications.


Si dans le journal Tintin, le capitaine Haddock pénètre au château en ouvrant le côté gauche du double battant, dans l’album il préfère le droit.


De l’intérieur du château aussi, les portes s’ouvrent différemment.


Une case déjà montrée mais qui nous permet de constater une nouvelle modification au niveau des portes utilisées.


Ici encore ce n’est pas la même porte que Tintin ouvre selon que l’histoire soit dans le journal Tintin ou dans l’album.
5 : Les notes qui dénotent la minutie
Bien qu’elle apparaisse dans cette séquence extraite de la page 31, ce ne sont pas des notes de musique chantées par Bianca Castafiore qui nous intéressent ici, mais bien celles du présentateur chargé de l’interviewer. Comme tout bon journaliste, il a préparé son intervention en rédigeant quelques notes. Bien que cela ne semble pas le perturber, nous constatons que dans le journal Tintin, les feuillets dont il est censé s’inspirer sont vierges de tout texte. L’oubli sera réparé pour l’album.


4 : Des fleurs par centaines
Une autre amélioration récurrente est (à peine) visible dès la page 4.


Ainsi que le signale le capitaine Haddock au début du récit, l'histoire se déroule au printemps plus précisément au mois de mai. En cette saison, il est donc naturel que les abords du château s'embellissent de superbes parterres de fleurs. Oubliés dans le journal Tintin, ceux-ci seront rajoutés dans l'album à chaque fois que l'extérieur du château de Moulinsart sera représenté, comme ici à l'occasion de l'aubade jouée par l'Harmonie de Moulinsart.


Épinglons au passage la position de Nestor ainsi que la permutation de texte dans le phylactère.
3 : Irma dans le champ
Intéressons-nous à présent à cette case de la page 34.


Absente dans le journal Tintin, une personne supplémentaire est présente dans l'album sur cette scène de tournage où le Rossignol milanais chante pour la télévision. Il s'agit de Irma, la discrète camériste de Bianca Castafiore. Tout à gauche de l'image elle assiste à la prestation de la tonitruante cantatrice.
Les plus attentifs auront également remarqué la disparition d'une note de musique dans le phylactère tandis que la retranscription "JE RIS" figure en majuscules dans l'album pour y accentuer l'intensité de la prestation. On notera aussi, trainant sur le sol, le rajout d'un câble d'alimentation destiné au spot de droite.
2 : Ne tirez pas le pianiste !
Dans cette case extraite de la page 31, c’est tout le côté droit de l’image qui a été retravaillé afin d’y ajouter deux personnages supplémentaires. D’abord, nous trouvons dans l’album Bianca Castafiore accompagnée de sa fidèle Irma -absente dans la version du journal Tintin. Mais surtout il y a Igor Wagner, le pianiste attitré de la cantatrice, intégré de manière harmonieuse dans cette scène grâce au fait que le piano y a été entièrement redessiné.


1 : Tintin toujours à l'heure...
Sur la couverture de l'album, comme tout au long de l'histoire, Tintin arbore une belle montre à son poignet gauche. Cet accessoire n'était pourtant pas présent dans la version publiée dans le journal Tintin, comme nous le confirment ces deux vignettes extraites de la page 5. Au total ce sont des dizaines de montres qui seront ainsi rajoutées, à chaque fois que le poignet gauche de Tintin sera visible.

