Génération spontanée

Discrète mais bien là. Au milieu de la page 13 du n°18, sorti en kiosque le 1er mai 1947. Une vignette humoristique tente de tirer son épingle du jeu. La chose n’est pas aisée tant elle est coincée par les passionnants "Propos du major Wings" et l’impressionnant dessin du planneur de Chanute tiré de la "Petite histoire de l’aéronautique".

Pourtant, contre toute attente, la composition se détache par sa simplicité. Dépourvue de décor, elle met en scène deux personnages affrontés, lecture en main. D’un côté, un garçonnet porteur de houppette, pris au berceau ; et de l’autre, un homme barbu porteur de lunettes, vouté par les ans.

Bien qu’attendrissante, l’histoire ne dit pas s’il existe entre eux un lien de parenté – même s’il y a fort à parier qu’il s’agit bien là d’un grand-père et de son petit-fils. Mais le sujet est tout autre puisqu’il est surtout question de génération !

Au-delà du "choc" et du cliché, c’est une manière légère mais particulièrement efficace de souligner la singularité du journal Tintin qui, depuis sa première parution, le 26 septembre 1946, a toujours su fédérer petits et grands.

Une étonnante capacité qui n’a pas échappé à Karel Van Mileghem, rédacteur en chef de la version flamande de ladite parution, mais surtout génial auteur de ces quelques mots devenus slogan, à partir du 10 juin 1948.