Hergé en clair
Mais d’où viennent ces affiches où se côtoient un dragon, un cygne et des visages venus tout droit de l’art déco ? Si, si, c’est bien lui ! On connaît Hergé comme le créateur de Tintin, né en 1929, mais saviez-vous qu’avant de devenir un maître de la bande dessinée, il a longtemps mis son talent de dessinateur au service… de la réclame !

Dès la fin des années 1920, parallèlement à ses planches de BD et à son rôle de rédacteur au Petit Vingtième, Hergé s’oriente aussi vers l’affiche et la réclame. Son trait clair, son sens du lettrage et son efficacité graphique séduisent rapidement les annonceurs.
De 1927 à 1937, il signe plusieurs réalisations : lettrages, affiches, logos, campagnes entières pour des marques variées – des tapisseries J. Lannoy fils (1928) aux amplificateurs Modulophone (1930), jusqu’à la campagne jouets de l’Innovation en 1931. Si les puristes reconnaissent immédiatement son trait, son style s’affine au cours de cette période, et même derrière la rondeur bonhomme d’une illustration du Père Noël, on distingue déjà sa patte.

Et devinez quoi ? Jusqu’à un certain point, Hergé pensait faire carrière dans ce domaine. La publicité représentait pour lui bien plus qu’un simple revenu d’appoint : elle lui offrait un terrain idéal pour expérimenter, affiner sa ligne claire et donner libre cours à son humour graphique.
Face au succès, il fonde en 1934 son propre studio, l’Atelier Hergé, qui produit des publicités dessinées comme Les Mésaventures de Jef Debakker pour les briquettes Union (1937), ou encore Cet aimable monsieur Mops pour Au Bon Marché (1931). Pour l’Innovation, il invente aussi des personnages hauts en couleur pour vanter des bonbons Drops et imagine un « monstre de l’Escaut », cousin belge du fameux Nessie, inspiré par la vague d’articles sur les monstres lacustres des années 1930.
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Hergé le conçoit serpentiforme et sans ailes, mais il adoucit ses traits pour séduire les enfants, en lui donnant des oreilles façon Milou, une barbichette amusante et un regard rieur. La pétillance de ce regard traduit toute l’intention du dessinateur, qui transforme une créature inquiétante en mascotte joviale, pleine de malice et de sympathie.
Au fil des années, son trait clair et efficace attire de grandes marques : biscuits Parein, chocolats Victoria, limonades Sorange… Une production publicitaire brillante, longtemps méconnue du grand public, qui témoigne de la diversité des talents d’Hergé et de la modernité de son dessin, avant même que Tintin ne connaisse la gloire mondiale.
Textes et images © Hergé / Tintinimaginatio - 2025