(suite) Que le lieu de destination du "Karaboudjan" ("gouffre noir" en référence secrète au nazisme) dont les "cales sont pleines d'opium" (CPO, 15-IV-2) soit le Maroc (protectorat français depuis 1912) ne saurait étonner, sachant qu'à l'automne 1940, quand Hergé commence l'album, des négociations ont lieu entre l'Allemagne nazie et l'Espagne franquiste s'agissant du phosphate et du manganèse marocains convoités par l'Espagne aux dépens de la France VAINCUE et… voir la suite
(suite) Que le lieu de destination du "Karaboudjan" ("gouffre noir" en référence secrète au nazisme) dont les "cales sont pleines d'opium" (CPO, 15-IV-2) soit le Maroc (protectorat français depuis 1912) ne saurait étonner, sachant qu'à l'automne 1940, quand Hergé commence l'album, des négociations ont lieu entre l'Allemagne nazie et l'Espagne franquiste s'agissant du phosphate et du manganèse marocains convoités par l'Espagne aux dépens de la France VAINCUE et SOUMISE par Vichy. Que ce "grand port sur la côte marocaine" (CPO, 39-II-2) réponde au nom de "Bagghar" ouvre d'autres perspectives relativement à la situation internationale en pleine guerre, expliquant la contradiction entre le Maroc et cette fictive "Bagghar" s'identifiant à Tanger (dans le protectorat espagnol), devenu zone internationale par la Convention signée entre la France, l'Espagne et la Grande Bretagne en 1923. Sa situation éminemment stratégique face à Gibraltar intéresse au plus haut point l'Allemagne NAZIE entendant s’emparer de Gibraltar, possession britannique depuis 1713, de manière à fermer définitivement la Méditerranée aux Anglais. L’échec de la rencontre Hitler-Franco à Hendaye (23 octobre 1940) mettra fin à ces négociations, épargnant à l'Espagne (et au Portugal) fascistes, le "CRABE"/cancer NAZI ...
L'intrigue va se développer, conduisant Haddock, à nouveau pris de boisson, à reconnaître le "Karaboudjan" maquillé en le pseudo "Djebbel Amilah" (CPO, 41), et Tintin de retrouver les caisses remplies de boîtes de "crabe"/opium dans des caves, propriétés d'un certain Omar Ben Salaad, "le plus gros négociant de Bagghar" '(CPO, 48-II-1) ... "l'homme le plus respecté de toute la ville de Bagghar" (CPO, 57-IV-2) ... objet d'une enquête "discrète" à la "manière" des Dupondt (CPO, 56-III-3) ... Porteur, en collier, d'une paire de pinces en or de crabe (CPO, 57-III-3) "soudainement" découverte, dénoncé pour la cause par Tintin comme chef des trafiquants, combien singulier le fait qu'à peine apparu dans le récit, il en soit aussitôt "évacué" (les dernières pages s'attardent sur Allan Thompson, archétype de la minable crapule) lors que Hergé nous avait habitué à insister sur la personnalité du "méchant" principal ... Et l'on peut se demander si cette "bande du Crabe aux pinces d'or" dont on ne perçoit nulle organisation, nulle hiérarchie (en contraste absolu avec Rastapopoulos, Mitsuhirato, Wronzoff, Müller !) n'est pas un trompe l'œil (à l'exemple des diverses énigmes de "L'Oreille Cassée") masquant ce à quoi répondent en fait "ces ramifications jusqu'en Extrême Orient" évoquées par Bunji Kuraki, réapparaissant à point nommé pour suggérer cette autre "bande" autrement plus "puissamment organisée" ... GENIALE METAPHORE par laquelle Hergé dénonce subrepticement, en pleine Occupation, le Pacte Tripartite du 27 septembre 1940 ...
Dans cette perspective, qu'Omar Ben Salaad, tels les officiers généraux de la Wehrmacht arborant leur "Ritterkreuz" en or, affiche au cou cette paire de pinces en or de crabe en est une autre, plus subreptice encore ... de même que le ROUGE sur fond jaune ("OR") des boîtes de crabe, évitant le "rouge-blanc-noir", couleurs du REICH et du NAZISME ... Le noir et le blanc de la croix gammée apparaissent en fait sur le "O" en blanc du crabe en couleur noire de l'édition de 1943 ... comme sur la page de garde de l'édition en couleur ... en attendant l'ARAIGNEE NOIRE NAZIE de "L'Etoile mystérieuse", album entrepris immédiatement après ...
Je me suis longtemps (TRES longtemps !) demandé ce qui pouvait sous-tendre l'esprit et le symbolisme enclos en ce titre apparemment incongru, "Le Crabe aux pinces d'or", premier album composé par Hergé à la suite de l'abandon de "L'Or Noir" attendu la situation de la Belgique résultant de l'Effondrement de mai-juin 1940 ... Force est de constater que jamais ô grand jamais il ne sera question d'une quelconque présence physique de ce crustacé ... les "pinces d'or"… voir la suite
Je me suis longtemps (TRES longtemps !) demandé ce qui pouvait sous-tendre l'esprit et le symbolisme enclos en ce titre apparemment incongru, "Le Crabe aux pinces d'or", premier album composé par Hergé à la suite de l'abandon de "L'Or Noir" attendu la situation de la Belgique résultant de l'Effondrement de mai-juin 1940 ... Force est de constater que jamais ô grand jamais il ne sera question d'une quelconque présence physique de ce crustacé ... les "pinces d'or" n'apparaissant qu'à l'extrême fin de l'album sans autre explication de sa titulature ... Celle-ci commence par cette scène "cinématographiquement muette" de Milou pris au piège d'une boîte de crabe trouvée dans une boîte à ordures, se démenant vainement dans tous les sens pour s'en libérer et sollicitant Tintin, lequel ne manque pas de le fustiger pour la cause ... Scène "puérile" en apparence ... lors que cette mise en valeur du "crabe" voisine avec les "poubelles", le "raccourci" suggérant les ordures (*) ... Ce raccourci va s'augmenter de l'implication du second élément : l'irruption du cargo "Karaboudjan", "le lieu le plus POURRI que le héros ait connu" ... celui d'un trafic d'opium, troisième élément, contenu dans les boîtes …
(*) à la "Libération", "la presse vengeresse de l'épuration évoquera les poubelles allemandes" (Benoît Peeters)
Dans l'EXCELLENT DVD consacré à l'album dans la Collection "Sur les Traces de Tintin", Philippe Godin affirme que "la guerre n'est pas présente dans l'album de Tintin" ... Elle l'est ... de manière subrepticement savante ... mais elle l'est en ce à quoi se rapporte la titulature de ce "crabe", animal emblématique du cancer en sa traduction latine, désignant les tumeurs solides se développant en formant des excroissances faisant penser à des pattes de crabe DETRUISANT par prolifération et fécondité MORTELLE (à la différence des tumeurs bénignes qui n’évoluent pas en s’étendant mais en restant localisées). Dès lors, l'analogie devient évidente avec le "cancer" NAZI, cette excroissance mortelle se répandant par "métastases" intra et extra européennes ... par le moyen lui aussi symbolique de "l'opium", substance d'abrutissement des consciences et vecteur de MORT que Tintin a déjà rencontrée et combattue en Extrême Orient en se heurtant au Japon FASCISTE lequel s'est allié à l'Allemagne NAZIE par le Pacte Tripartite signé à Berlin le 27 septembre 1940 ... Qu'il soit dirigé contre l'URSS ne change rien au fait car menaçant d'élargir cette guerre, réduite à l'automne 1940 à un affrontement entre l'Allemagne et l'Angleterre, à l'échelle de l'Europe entière ET du Pacifique ... d'où, l'explication de la présence, elle aussi incongrue en apparence, de ce Bunji Kuraki, de la Sûreté de Yokohama en lutte contre le trafic des stupéfiants "de cette bande, puissamment organisée", ayant "des ramifications jusqu'en Extrême Orient" (CPO, 61-III-1, 2).
La PREUVE de cette prolifération métastasique NAZIE à l'échelle extra européenne réside dans le départ du Karaboudjan pour une destination inconnue pour un temps mais qui se révélera être le Proche européen ... l'Afrique du Nord ... le Maroc ... ainsi qu'en fait foi l'indicatif "CN" porté sur l'hydravion missionné pour mitrailler Tintin, le capitaine Haddock et Milou (CPO, 20-IV-2). Toutefois, les deux naufragés décident de se diriger sur ... l'Espagne, certes franquiste, mais non gagnée par le cancer NAZI. Un "fameux coup de tabac" (CPO, 24-IV-1) va les détourner vers ... le Sahara ...
A-t-on jamais "réfléchi" à ce que pouvait signifier ... symboliser ... cette soudaine apparition du capitaine Haddock, le 02 janvier 1941, en page 4 du "Soir Jeunesse", "annexe " du "Soir VOLE" par les Allemands ? On ne retient généralement que l'affirmation de Germaine Kieckens, première épouse de Hergé, selon laquelle ce nom a été "inspiré" du plat d'aiglefin fumé que tous deux appréciaient, affirmation que Hergé confirmera quelques années… voir la suite
A-t-on jamais "réfléchi" à ce que pouvait signifier ... symboliser ... cette soudaine apparition du capitaine Haddock, le 02 janvier 1941, en page 4 du "Soir Jeunesse", "annexe " du "Soir VOLE" par les Allemands ? On ne retient généralement que l'affirmation de Germaine Kieckens, première épouse de Hergé, selon laquelle ce nom a été "inspiré" du plat d'aiglefin fumé que tous deux appréciaient, affirmation que Hergé confirmera quelques années plus tard, conférant au célèbre marin, appelé à devenir l'équivalent en importance à Tintin, une origine ... britannique ... Pour sa part, Albert Algoud, dans son "Dictionnaire amoureux de Tintin", renforce cette acception "britannique" en confondant en une même personnalité le héros hergéen avec le capitaine Herbert James Haddock, commandant du MSS "Olympic", le premier à avoir signalé le naufrage du "Titanic", le 15 avril 1912 à 02 heure 20', et établissant une biographie fictive prétendant expliquer comment et pourquoi Haddock a sombré dans l'alcoolisme ...
Bien des Tintinophiles et Tintinologues (à l'exception, à ma connaissance, de Philippe Goddin) mésestiment, ignorent ou VEULENT ignorer que l'origine du nom de ce héros hergéen haut en couleur peut plus probablement relever de la version française intitulée "Le Capitaine Craddock" du film de comédie musicale allemand "Bomben auf Monte Carlo" tourné en 1931 par le réalisateur JUIF autrichien Hans Schwarz, lequel devra s'exiler ... en Grande Bretagne pour échapper aux Nazis ... Aussi que la chanson que, pris de boisson, il entonne sur les quais de Bagghar - "C'est nous les gars de la marine" - (CPO, 42-III-2), est la "propriété" artistique du groupe allemand "Comedian Harmonist" sous le titre "Das ist die Liebe Matrosen", soit BIEN AVANT le "In the Navy" des "Village People" ...
Ces circonstances indiquent implicitement un indice supplémentaire de l'inspiration secrètement anti nazie du "Crabe aux pinces d'or" commencé en feuilleton le 17 octobre 1940 dans le supplément "Jeunesse" du "Soir VOLE" et une tout aussi secrète sympathie de Hergé pour la Grande Bretagne qui, depuis l'écrasement de la France, était la SEULE puissance à s'opposer à l'Allemagne nazie ... Cette anglophilie hergéenne se déduit d'ailleurs par le fait que, hormis la Belgique, la Grande Bretagne est alors le tout premier pays européen ayant offert un cadre aux aventures de Tintin dans l'album "L'Île Noire", interdit de parution pour la cause par la Censure allemande ... INCAPABLE de "percer à jour" la spécificité ANTI NAZIE du "Crabe aux pinces d'or".
C'est que cette spécificité s'incarne invisiblement en le personnage du capitaine Haddock dont la déchéance alcoolique est métaphoriquement liée à celle du parlementarisme français et à l'abrutissement d'une nation soumise quotidiennement à l'éreintement de la "douche écossaise" des "leçons" que lui adresse le maréchal Pétain lors que, pour sa part propre, le roi Léopold III, lui-même en conflit avec son gouvernement, s'est, dans sa volonté de partager le sort de son peuple, constitué prisonnier. Le rôle rédempteur de Tintin auprès d'Haddock paraît dès lors bien plus en adéquation avec le souverain belge, nouveau "Muskar XII", qu'avec le "patriarche" de Vichy lequel, le 24 octobre 1940 (une semaine après le début de l'album), s'est accordé avec Hitler ce que, pour sa part, Léopold III ne fera jamais, même après sa rencontre du 17 novembre 1940.
Et que dire de cette autre métaphore enclose en le titre de l'album ... ?
Contrairement à ce que l'on a tant dit à propos de la production de Hergé durant la Seconde guerre mondiale, les albums de ces quatre années d'Occupation sont emplis d'allusions à la situation politique voire même militaire et de dénonciations savamment cachées à l'égard du nazisme que l'on peut bien considérer comme de la résistance intellectuelle. Ainsi, s'agissant du premier, "Le Crabe aux pinces d'or", apparemment le plus éloigné de la situation issue du DESASTRE de mai-juin 1940,… voir la suite
Contrairement à ce que l'on a tant dit à propos de la production de Hergé durant la Seconde guerre mondiale, les albums de ces quatre années d'Occupation sont emplis d'allusions à la situation politique voire même militaire et de dénonciations savamment cachées à l'égard du nazisme que l'on peut bien considérer comme de la résistance intellectuelle. Ainsi, s'agissant du premier, "Le Crabe aux pinces d'or", apparemment le plus éloigné de la situation issue du DESASTRE de mai-juin 1940, le cadre, en le sud saharien et l'imaginaire ville et port marocain de "Bagghar", extra européens, fourmille d'indices (voir mes interventions des 05 et 06 mars 2018) :
1° la présence, inexplicable, du "monsieur japonais ou chinois" enlevé par Dieu sait qui ... On n'apprendra que bien plus tard, dans le strip du 15 octobre 1941, à l'heure où les relations entre le Japon et les Etats-Unis s'aggravaient de plus en plus, la révélation de son identité - Bunji Kuraki de la Sûreté de Yokohama - et l'objet de sa "mission" : la lutte contre le trafic des stupéfiants "de cette bande, puissamment organisée", ayant "des ramifications jusqu'en Extrême Orient" ... Le "Crabe aux pinces d'or" ayant commencé en feuilleton le 17 octobre 1940, comment ne pas envisager, en cette "bande", une secrète allusion à la signature du Pacte Tripartite entre l'Allemagne NAZIE, l'Italie fasciste et ... le Japon impérial ULTRA militariste, le 27 septembre 1940 à Berlin ... ?
2° le cargo "Karaboudjan, "le lieu le plus pourri que le héros ait connu", ayant pour destination le Maroc, soit, une très habile métaphore hergéenne inscrivant en filigrane "l'odyssée" du "Massilia", ce paquebot de ligne de la Compagnie de navigation Sud Atlantique ayant transporté à Casablanca quelques hommes politiques et parlementaires français déchus de cette IIIème république elle-même "pourrie" et déshonorée (parmi eux, César Campinchi, Edouard Daladier, Georges Mandel, Pierre Mendès France, Jean Zay). En réalité, il s’est agi d’un PIEGE, les uns, militaires, étant
arrêtés et emprisonnés sous l'accusation de désertion, les autres étant réservés pour le "Jugement" de la Cour de Riom en tant que "responsables de la défaite ;
3° dans cette perspective, le lieutenant Allan, nouveau "Müsstler", ayant usurpé l’Autorité du capitaine Haddock dont il cultive la déchéance alcoolique (en analogie avec cette France dégénérée de la IIIème république puis de l’Armistice, plongée dans une hébétude paralysante et faisant avec stupeur le bilan de son malheur), utilise la force, la violence et le meurtre pour se fait obéir … Par ce biais, Hergé, brouillant les pistes pour égarer la censure, inscrit en filigrane la vraie puissance du Mal, le nazisme et l’Occupant allemand ;
4° la figure éminemment sympathique du lieutenant Delcourt, hautement valorisante pour l'armée française (entendons la nouvelle ... celle de la "France Libre" ... sûrement pas celle du régime de Vichy et encore moins l'armée française d'Alger, en état de guerre civile avec l'Afrique équatoriale française du gouverneur Eboué qui s'est rallié au général de Gaulle). Entré en scène dans le numéro du "Soir" du 10 avril 1941 , il présente quelque analogie avec le colonel Philippe Leclerc de Hauteclocque, le vainqueur de Mourzouk et de Koufra (premiers succès de la "France Libre" en janvier-février 1941) et auteur du fameux "Serment de Koufra" prononcé sur les lieux mêmes de sa victoire le 02 mars 1941 ...
Passons au mystère du titre de l'album ...
Un super album avec la superbe traversée du désert , la brute Allan et bien sûr la rencontre entre Tintin et le Capitaine Haddock qui marque le début d'une grande amitié
Excellent album, j'ai remarqué une coquille page 48 sur la première bulle la veste du marchand est bleue, puis violette sur la deuxième avant de redevenir bleue...
Celui-ci fait partie incontestablement de mon top 3
La rencontre décisive pour tintin autant que pour haddock mais aussi le début d'une grande amitié
@tintin417 les couleurs ont été faites à la peinture, donc la précision est complexe.
Bonjour j’ai une question, on vois que sur le dromadaire sur le quel est assis Tintin à l’œil bleu comme le ciel limite si ce n’est qu’il est transparent, Hergé s’est il trompé ou il a fait exprès ?
JE RÊVE OU J'ECRIS LE PREMIER COMMENTAIRE 2021 ??!!!!!?! LE DERNIER COMMENTAIRE DATE DU 14 FéVRIER 2020 !
sinon , j'aime beaucoup cet album , c'est un classique des tintin ! la rencontre avec le capitaine ...
je n'ai ˆpas REvérifier , mais si ma mémoire est bonne , on ne vois pas lorsque le capitaine dit qu'il s'appelle hadock ! tintin l'a presque deviner tout seul !
C'est mon album préféré. L'épisode dans le désert m'a tellement marqué enfant, '' le pays de la soif''...
Moi, je les ai tous en couleur, et en plus, j'en ai la moitié en noir et blanc.
Bien dommage qu'on ne sache pas grand chose de la mère du capitaine Haddock. On se demande même si Tintin n'aurait pas par mégarde pour le raisonner fait revivre une blessure. Le capitaine venait il de vivre un deuil ? De quoi s'interroger. Notons que le fait d'apprendre l'existence d'un trafic de stupéfiants mené par Allan aura été un déclic pour se ranger du côté du jeune reporter qui lui aura fait ouvrir les yeux.
Je l'ai lu très intéressant ! Surtout que c'est la première fois que Tintin rencontre Haddock !!! :)
À nicnol :
On remarquera une référence à un célèbre roman de Hector Malot (adapté par les Japonais en 1977 en dessin animé) lorsque Milou vole un gigot. Notons que Hergé avait lu le classique de Hector Malot d'où l'hommage à cet auteur.
Bonjour est-il normal que dans l’album le crabe aux pinces d’or que les personnages aient les joues rouges ainsi que le visage ?
Une autre secrète évocation du contexte international postérieur à "mai-juin 1940" s’inscrit en la description de la situation intérieure du "Karaboudjan", "le lieu le plus pourri que le héros ait connu". Jean-Marie Apostolidès en définit très bien l’état :
"Le Karaboudjan se trouve dans une situation plus grave que la Syldavie à la veille du coup de force de Müsstler. Le roi du navire, le capitaine Haddock, théoriquement seul maître à bord après Dieu, a… voir la suite
Une autre secrète évocation du contexte international postérieur à "mai-juin 1940" s’inscrit en la description de la situation intérieure du "Karaboudjan", "le lieu le plus pourri que le héros ait connu". Jean-Marie Apostolidès en définit très bien l’état :
"Le Karaboudjan se trouve dans une situation plus grave que la Syldavie à la veille du coup de force de Müsstler. Le roi du navire, le capitaine Haddock, théoriquement seul maître à bord après Dieu, a été détrôné par les puissances du Mal" …
Habile métaphore hergéenne de la France de la IIIème république en pleine déliquescence (lors que le début de l’album se situe dans un cadre incontestablement belge), ruinée par un régime considéré avec raison comme responsable du désastre de mai-juin 1940 par le maréchal Pétain (les militaires étant toutefois tout aussi responsables !), la suite de l’intrigue ayant pour cadre le Maroc, alors sous protectorat et administration françaises … Dans cette perspective, le nouveau "Müsstler" c’est le lieutenant Allan ayant usurpé l’Autorité du capitaine Haddock dont il cultive la déchéance alcoolique (en analogie avec cette France de l’Armistice plongée dans une hébétude paralysante), utilisant la force, la violence et le meurtre pour se fait obéir sans pour autant "empêcher l’action salvatrice de l’ange exterminateur Tintin“ (Ibid) … Par ce biais, Hergé, brouillant les pistes pour égarer la censure, inscrit en filigrane la vraie puissance du Mal, le nazisme et l’Occupant allemand …
On peut également s'autoriser à penser que le périple du Karaboudjan, cet authentique panier de crabes (au sens propre comme au figuré) … "le lieu le plus pourri que le héros ait connu", ayant pour destination le Maroc, inscrive en filigrane "l'odyssée" du "Massilia", ce paquebot de ligne de la Compagnie de navigation Sud Atlantique ayant transporté à Casablanca quelques hommes politiques et parlementaires français déchus de cette IIIème république elle-même "pourrie" et déshonorée (parmi eux, César Campinchi, ancien ministre de la Marine, Edouard Daladier, ancien ministre de la Guerre et Président du Conseil, Georges Mandel, ancien ministre de l'Intérieur, Pierre Mendès France, ancien Sous-Secrétaire d'Etat au Trésor, Jean Zay, ancien ministre de l'Education Nationale et des Beaux-Arts - les trois derniers cités étaient juifs ! -). En réalité, il s’est agi d’un PIEGE … Parti le 21 juin 1940, arrivé à Casablanca trois jours plus tard, ses passagers sont consignés par ordre du Résident général Noguès tandis que la presse métropolitaine se déchaîne ... Le 18 juillet, vingt-deux d'entre eux sont autorisés à rentrer en France ... Ceux qui étaient considérés comme mobilisés en tant qu’officiers sont arrêtés le 31 août, rapatriés et condamnés pour "désertion devant l'ennemi" le 04 octobre suivant. D'autres, comme Daladier et Mandel, seront "jugés" avec Gamelin à Riom, en 1942 en tant que "responsables de la défaite" ...
Venons-en à Tintin, Haddock et Milou … Fuyant le Karaboudjan, le trio espère atteindre l’Espagne (CPO, 18-IV-2 – 24-IV-1 – 27-III-1 – 28-I-1 et 2), alors placée (et pour longtemps encore !) sous le régime franquiste en relation ambiguë avec l’Allemagne nazie (rencontre à Hendaye du 23 octobre 1940 entre Franco et Hitler) mais également, étape de tous ceux qui, fuyant la France ou la Belgique occupées, s’efforcent de rejoindre l’Afrique du Nord ou l’Angleterre (tels, bientôt, les aviateurs britanniques, évadés par les filières locales de la Résistance) … Leur "odyssée" les mène des sables du Sahara sud marocain au poste avancé d’Afghar (*). Sous la conduite du lieutenant Delcourt, ils arrivent enfin au port de "Bagghar", la vignette l’illustrant (CPO, 39-II-2) évoquant le cap Malabata situant ce port fictif à Tanger. Laurent Joffrion, réalisateur de documentaires pour Arte, constate toutefois que Hergé "a crée des lieux fictifs, à partir d’illustrations et de photographie de l’époque, et trouvait son inspiration dans les films. C’est pour cela qu’il ne cite pas de lieu précis dans les épisodes. Dans le Crabe aux Pinces d’Or, on peut imaginer des influences de Tanger et de Casablanca".
Insérée dans "le Soir Jeunesse", antenne du "Soir volé" collaborationniste, entre le 10 avril et le 08 mai 1941, faut-il considérer la représentation hautement valorisante de l’armée française d’Afrique et notamment du lieutenant Delcourt (dont la physionomie présente une frappante similitude avec celle du colonel Philippe Leclerc de Hauteclocque, le vainqueur de Koufra) en tant que rendant secrètement hommage à la "France Libre" qui vient de se signaler militairement par le raid sur Mourzouk et la bataille de Koufra en janvier et février 1941 …?
(*) Hergé, en cette évocation du Sahara marocain, s’est notamment servi du roman de Joseph Peyré : "L’Escadron blanc", paru en 1934. On y retrouve les crânes rasés des légionnaires, le message radio, les mâts de la "sans-fil" (la radio de l’époque), la selle et son pommeau en croix caractéristiques et même le nom du poste avancé (Afghar, au lieu de Adghar dans le roman).
La fuite réussie, au péril de leur vie, par le trio, du Karaboudjan (à la différence notable des "piégés" du "Massilia"), présente alors quelque analogie avec celle du général De Gaulle, en rupture avec l’Autorité pseudo légale incarnée par Pétain, ayant gagné Londres pour y diriger la plus extraordinaire entreprise de résurrection d’une nation vaincue (il sera condamné à mort pour la cause, le 02 août 1940 !). Le message dénonciateur lancé par "l’ange exterminateur Tintin" avant de quitter le cargo (CPO, 18-III-1 et 46-I-3), serait-il alors une secrète allusion à l'Appel du 18 juin 1940 et Tintin, condamné à mort par le "Patron" ("Envoyez T. par le fond" - CPO, 12-II-3 -), enfilerait-il l'uniforme du "général à titre provisoire" De Gaulle, condamné à mort le 02 août 1940 par le Tribunal militaire de la 13ème région … ?
"Le Crabe aux pinces d'or" est réputé ouvrir cette série de cinq albums composés entre 1940 et 1944 se gardant bien de la moindre allusion aux événements de la guerre qui se continue après mai-juin 1940 ... Ils seraient même, pour le créateur Hergé ayant rangé dans ses cartons "l'Or Noir", interrompu par le canon du 10 mai et s’éloignant le plus possible du quotidien de l’Occupation, un "refuge" ... C'est déjà FAUX s'agissant de "L’Étoile mystérieuse",… voir la suite
"Le Crabe aux pinces d'or" est réputé ouvrir cette série de cinq albums composés entre 1940 et 1944 se gardant bien de la moindre allusion aux événements de la guerre qui se continue après mai-juin 1940 ... Ils seraient même, pour le créateur Hergé ayant rangé dans ses cartons "l'Or Noir", interrompu par le canon du 10 mai et s’éloignant le plus possible du quotidien de l’Occupation, un "refuge" ... C'est déjà FAUX s'agissant de "L’Étoile mystérieuse", remarquable métaphore de la lutte pour la maîtrise de l'atome à laquelle se livraient "l'Europe" (alors sous la coupe de l'Occupant allemand) incarnée par le visionnaire "FERS" post nazi, et les puissances judéo-anglo-saxonnes (que représentent le banquier juif Blumenstein et l'étatsunienne New York ... "neutralisés", après la guerre - nécessité oblige ! -, en Bohlwinkel et ce mythique "Sao Rico") ... Mais, qu'en est-il vraiment du "Crabe aux pinces d'or" ?
En 5-IV-2 et 3 et 6-I-1, on remarque la présence, apparemment anodine, d'un homme au faciès asiatique, enlevé en p. 8, on ne sait pourquoi ni par qui, sous les yeux de la concierge de Tintin qui, ne sachant s'il s'agit d'un "monsieur japonais ou chinois" lui apprend qu'il avait une lettre à lui remettre ... Un "fameux casse-tête chinois" soliloque Tintin, énumérant les premiers éléments de l'intrigue en remontant chez lui ... On n'apprendra son identité (Bunji Kuraki, de la Sûreté de Yokohama) et l'objet de sa "mission" (la lutte contre le trafic des stupéfiants "de cette bande, puissamment organisée", ayant "des ramifications jusqu'en Extrême Orient") que tout à la fin de l'album (61-III-1 à 3 et IV-1) ... Le pourquoi de sa présence ... ? Avertir Tintin des dangers qu'il courait à s'occuper de cette affaire ... C'est tout ... En apparence du moins ...
C'est qu'il convient de considérer le contexte international ... Bunji Kuraki apparaît dans le numéro du "Soir Jeunesse", ce supplément du "Soir Volé" sous contrôle allemand confié à Hergé à la suite de la disparition du "XXème siècle", le 07 novembre 1940, un mois et demi après l’intervention japonaise en Indochine française (du 22 au 26 septembre) contraignant l’amiral Decoux à accepter une présence nipponne ET la signature du Pacte Tripartite entre l'Allemagne, l'Italie et ... le Japon, le 27 septembre 1940 à Berlin ... Soit, une secrète allusion à "cette bande ayant des ramifications jusqu'en Extrême Orient" ... La révélation de son identité et de sa mission intervient dans le strip du 15 octobre 1941, à l'heure où les relations entre le Japon et les Etats-Unis s'enveniment de plus en plus (dans moins de deux mois, ce sera Pearl Harbor ... ce PIÈGE en forme d'appât monté par l'administration Roosevelt pour appâter les Nippons n'ayant de toutes manières le choix qu'entre la guerre et la soumission aux sommations étatsuniennes du fait des "sanctions" (*) économiques les frappant depuis des mois !) afin de fournir à "l'opinion" étatsunienne la "justification" de l'entrée en guerre) ...
(*) un "classique" dans la tactique et la stratégie étatsuniennes ... De nos jours, nous sommes PLUS QUE JAMAIS à même de le mesurer
On peut dès lors s'autoriser à penser que la présence tout à fait insignifiante de ce policier japonais figurant dans le camp des "Bons", présence assurément non indispensable pour "lancer" l'intrigue du "Crabe aux pinces d'or", est susceptible pour Hergé de paraître "s'amender" en quelque sorte d'une manière elle aussi apparemment anodine du manifeste ANTI japonais qu'a été "Le Lotus bleu" ... outre le fait que l'album a notamment pour cadre le Sahara et le Maroc alors placés sous protectorat français contrôlé par le "résidant général" Noguès totalement dans l'obédience du Régime pétainiste de Vichy ...
Y en a qui cherche les réponses aux questions de papyalbert ici
Cest pas bien ☺