El cetro de Ottokar
Le Sceptre d'Ottokar (1939) est un coup de force d'Hergé qui vise l'Allemagne dans cette aventure. La découverte d'une serviette oubliée sur un banc conduit Tintin à Prague, puis en Syldavie. Tintin va sauver la Syldavie et son Royaume d'un coup d'État fasciste.

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« C'est un ami qui m'a donné l'idée de cette histoire. Elle raconte un Anschluss (en allemand “annexion, rattachement”) avorté, au grand dépit du malfaisant Müsstler. On y trouve aussi, avec la dualité des jumeaux Halambique, le thème des frères ennemis. Et c'est encore la naissance du Colonel Boris Jorgen, aide de camp du roi de Syldavie. »
Hergé dans Tintin et moi, Numa Sadoul, Ed. Casterman, p.153).
Hergé dans Tintin et moi, Numa Sadoul, Ed. Casterman, p.153).

Un penchant pour la perfection
La couverture du Sceptre d'Ottokar reproduite ci-dessous (à droite) mérite toute votre attention. C'est en effet un album de 1942 qu'Hergé a lui-même remanié pour rendre le titre plus lisible !

Il vous suffit de la comparer avec la couverture de gauche pour réaliser à quel point, grâce au parchemin dans lequel Hergé l'a disposé, le titre saute littéralement aux yeux. Cette idée sera conservée lors de la refonte de l'album en 1947.
Quoi de neuf chez les Dupondt ? La garde-robe
Pardon ! les fixe-chaussettes des Dupondt constituent assurément les éléments les moins connus de la panoplie vestimentaire des deux détectives.

À vrai dire, ces accessoires tombés aujourd'hui en désuétude n'apparaissent qu'à une seule et unique occasion : lorsque, mis en lambeaux par l'explosion d'une bombe, les pantalons des Dupondt laissent découvrir le bas de leurs jambes.
Avec plaisirskaïa !
Où se trouve la Syldavie ? Ne la cherchez pas sur la carte : elle ne s'y trouve pas. Hergé a inventé ce petit royaume pour les besoins de son récit et, comme vous le constaterez en lisant la brochure que consulte Tintin, lui a forgé une histoire et même une langue.

Issu du patois bruxellois, dont il intègre les composantes française et néerlandaise, le Syldave fait de nombreux emprunts aux langues slaves. C'est ainsi que, par exemple, "gendarmerie" se dit "gendarmaskaïa". Facile, non ?
La diva et le securit : Attention aux décibels
Cette aventure marque l'apparition du personnage féminin : Bianca Castafiore de la Scala de Milan. La première rencontre entre Tintin et Bianca ne se passe pas très bien. Voyez plutôt !

Tintin est quelque peu sonné par cette voix qui n'a pas son pareil. Heureusement que les vitres de la voiture sont sécurisées ! Tintin trouve le premier prétexte venu pour échapper aux charmes de Bianca Castafiore.
Sous les yeux d'Hergé : Comme Hitchcock
Hergé prenait plaisir à se représenter dans ses BD. Le maître de la ligne claire n'en fit jamais une habitude. Dans Le Sceptre d'Ottokar, Hergé s'est mis en scène à deux reprises : d'abord parmi les témoins de l'arrestation de Tintin par les gardes royaux.

Ensuite, parmi les hauts dignitaires devant lesquels Tintin s'avance pour se voir décerner l'ordre du Pélican d'or par le roi Muskar XII.

On l'a retrouvé !
« Le Sceptre d'Ottokar existe, et Hergé ne le savait pas. En 1976 des travaux de restauration entrepris dans la Cathédrale Saint-Vitus, au Château de Prague, ont permis la mise à jour des attributs royaux d'Ottokar II, roi de Bohème (1230-1278) et membre de la dynastie des Přemyslides.

Le sceptre se trouvait parmi ces attributs : un trésor vieux de cinq siècles... » (Numa Sadoul, Tintin et moi, Ed. Casterman, p.155).
Extrait du dessin animé
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