Tintín en América
Dans Tintin en Amérique (1932), le héros confirme sa vocation de redresseur de torts, en s'opposant au mafioso Al Capone, aux gangsters de Chicago et aux fripouilles de tout acabit. Déjà, Hergé témoigne d'une vision généreuse du monde, stigmatisant par exemple des Blancs pour leurs comportements envers les Indiens Peaux-Rouges. La renommée de Tintin s'étend au-delà de l'Atlantique. Si bien que lorsqu'il arrive à Chicago, en pleine prohibition, tous les bandits et malfaiteurs associés lui préparent une réception des moins confortables. Tintin devra user de tout son courage et de toute son intelligence pour survivre !

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Les débuts d'Hergé nous permettent de découvrir des "variantes" des couvertures des albums. Tintin en Amérique sort de presse en 1932 sous une première couverture dont l'illustration à l'encre de chine et à la gouache a été vendue aux enchères à prix d'or. Cette couverture était labellisée Les Aventures de Tintin, reporter du Petit Vingtième en Amérique.

En novembre 1937, l'album reparaît sous une nouvelle couverture avec une petite image collée représentant Tintin à cheval. Le nom Casterman (qui figure déjà dans l'édition de 1935) y est aussi mentionné. La couverture que l'on connaît encore actuellement (illustration pleine page) orne déjà la dernière édition noir et blanc de Tintin en Amérique.
Du noir et blanc à la couleur
Tintin en Amérique figure parmi la série des neuf albums nés sous un ciel noir et blanc. Durant plus de dix ans de 1932 à 1942, l'album connaîtra 11 éditions. C'est aussi la dernière aventure publiée sous le drapeau du Petit Vingtième. Durant cette prériode, plus de cent cinquante mille albums Tintin noir et blanc ont été imprimés, reliés, diffusés et écoulés. En 1942 démarra la mise en couleurs, l'album se trouva alors remanié. Dans la nouvelle version parue en 1945, beaucoup d'améliorations au niveau de la narration des images furent apportées.
Une influence littéraire et un souci de documentation
Pour scénariser Tintin en Amérique Hergé a été influencé par des lectures et notamment l'ouvrage de G. Duhamel Scènes de la vie future (1930) qui est une critique ouverte et virulente contre le mode de vie américaine, l'automatisation, le modernisme ahurissant, la taylorisme et la fabrication à la chaine, la banalisation.

Pour restituer la vie dans l'Amérique de l'époque, Hergé a aussi utilisé le magazine Crapouillot qui a édité un numéro spécial consacré aux États-Unis.
Cinématographie
"Jamais le dessin d'Hergé n'a autant donné l'impression d'être directement influencé par le cinéma que dans les planches de Tintin en Amérique" (Chronologie d'une œuvre, Ph. Goddin, T2, page 87). Hergé recourt à diverses techniques avec des effets de caméra faisant évoluer le cadrage (plan) au fil des vignettes. Cinématographique par excellence, l'ensemble extrait de la planche 76 ou la scène extraite de la planche 81 où le lecteur voit ce que Tintin ne voit pas : la main du bandit qui saisit une bouteille.
Du côté de Swift
"Les établissements Slift sont une caricature à peine déguisée des authentiques usines Swift & Cie", établies à Chicago actives dans le domaine de la viande et qui excellaient déjà dans l'automatisation et l'organisation du travail à la chaine. "Les équipements d'abattage et de mise en conserve sont à ce point automatisés que certains n'hésitent pas à évoquer la fameuse machine qui, recevant un porc vivant par un bout, fournit des saucisses à l'autre bout ".

Al Capone, l'ennemi public numéro 1
Al Capone est le seul méchant des Aventures de Tintin ayant réellement existé et intervenant sous son vrai nom. En fait Al Capone apparaît déjà dans les Aventures de Tintin au Congo dans un trafic de diamant. Cette deuxième aventure laisse clairement entendre que Chicago est la prochaine étape du reporter.

Ce nouveau terrain de jeu est aussi celui d'Al Capone et de sa bande qui règnent en maîtres sur des trafics de tout genre. C'est dans Le Crapouillot d'octobre 1930 consacré aux États-Unis que l'on peut découvrir une photo d'identité sur laquelle Alphonse « Scarface » Capone ressemble davantage à un ténor italien à succès qu'à l'ennemi public numéro 1.
Un autre méchant sans nom : Rastapopoulos
C'est l'intelligence au service du mal. Il accède au titre peu envié de meilleur ennemi de Tintin. Il est plébiscité à chaque sondage pour le titre du plus méchant.

Il apparaît pour la première fois dans Tintin en Amérique même s'il n'est pas nommé lors de la réception donnée à l'honneur de Tintin. Roberto Rastapopoulos, un magnat de l'industrie cinématographique, figure parmi les invités, aux côtés de Pikefort alias l'explosive Mary Pickford.
Extrait du dessin animé
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